Cléa

Le vent dansait entre les rang...
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Cléa

Le vent dansait entre les rangs de vigne, soulevant par vagues les feuilles comme une mer verte et parfumée. Cléa marchait pieds nus sur la terre tiède, robe d’été bleue flottant autour de ses jambes graciles, les doigts caressant les grappes encore jeunes. Ses yeux bleus, vastes comme un ciel sans fin, s’arrêtaient sur les insectes butineurs, un escargot en équilibre, les nervures d’une feuille. Elle souriait. Ici, dans ce sanctuaire végétal, elle était en paix.

Elle ne remarqua pas l’ombre qui glissa entre les ceps, ni le pied qui écrasa une brindille.

Le soleil déclinait, une chaleur de miel sur sa nuque. Elle fredonnait une comptine oubliée. L’homme ne faisait pas de bruit. Il ne voulait pas qu’elle le voie. Pas encore. Il savourait l’instant, comme elle. Son sexe en érection, il passait par là, il l'avait vu, puis suivi.

Un oiseau s’envola d’un coup — Cléa sursauta, puis elle rit doucement.

Elle reprit sa marche, légère, insouciante. L’homme est à dix mètres. Puis cinq. Puis deux.

Elle s’arrêta. Un frisson.

Il était là.